Pour pouvoir rechercher l’origine, ou plutôt les origines, du nom de famille Halleux, penchons-nous d’abord sur l’histoire de la formation des noms de famille, en général.

Les registres des naissances et baptêmes

A la fin du XVe siècle, l’Eglise commence à prendre conscience de l’utilité de disposer de documents enregistrant les baptêmes. En effet, les autres sacrements ne pouvaient être administrés qu’aux baptisés et, faute de documents, il fallait s’en remettre à la mémoire et aux témoignages… Certains évêques et curés notèrent donc dans des registres des renseignements sur leurs paroissiens.

François Ier, roi de France, comprit l’intérêt de tels registres. Par son ordonnance d’août 1539, dite ordonnance de Villers-Cotteret, il imposa aux curés de consigner les naissances et les décès dans des registres sous des formes précises. En plus des renseignements relatifs au baptême proprement dit, les registres devaient contenir l’heure et la date de la naissance de sorte que, plus tard, on puisse vérifier précisément l’âge d’une personne et savoir notamment si elle était majeure. Bien sûr, cette ordonnance ne concernait que les paroisses du royaume de France.

La hiérarchie ecclésiastique emboîte le pas et, en 1563, le Concile de Trente impose à tous les curés de tenir des registres des baptêmes. Ces registres mentionnent les noms de l’enfant, de ses parents et de ses parrain et marraine.

En France, l’ordonnance de Villers-Cotteret impose que les registres soient tenus en français; ailleurs, ils sont tenus en latin ou dans la langue locale.

Au baptême, c’est bien sûr un prénom chrétien qui est donné au nouveau-né. Le prénom est consigné par le prêtre dans le registre. Les parents, parrains et marraines sont généralement identifiés par leur prénom et par d’autres renseignements. Même si ces indications semblent assez claires au prêtre qui rédige le registre, aujourd’hui il est parfois impossible d’identifier des personnes mentionnées.

L’usage des prénoms

Le prénom, un surnom ou un diminutif suffit le plus souvent dans la vie courante.

Au XVIe siècle, le nom de famille existe, mais il ne remplit pas le rôle que nous lui connaissons aujourd’hui. Si, déjà à cette époque, un nom unique est souvent utilisé pour désigner tous les membres d’une même famille, ce nom correspond à un usage plutôt qu’à une forme légale particulière. Il n’est d’ailleurs pas toujours mentionné dans les documents officiels. Il ne se transmet pas nécessairement de père en fils.

Dans les actes et autres documents officiels toutefois, il est important d’éviter toute confusion de personnes. L’identité d’un individu repose sur son prénom reçu au baptême, complété d’autres indications permettant, aux personnes concernées, de le reconnaître de manière certaine. Ces autres indications peuvent être la mention de liens de parenté, du lieu d’origine ou de résidence, d’un nom de famille et tout autre renseignement jugé utile.

On trouve, par exemple, « Léonard, fils de feu Nicolas de Halleux », Halleux étant le lieu-dit d’où provenait le père de Nicolas.

Une même personne ne sera pas toujours désignée de la même manière. « Lambert de Halleux, mayeur d’Asse » et « Lambert delle Neufhaye » représentent la même personne : Lambert est né à Halleux et habite avec son épouse à la Neufhaye.

L’acceptation progressive des noms de famille

Petit à petit toutefois, l’usage des noms de famille se répand.

On simplifie la formulation en appelant « Lambert Halleux », Lambert, provenant de Halleux, ou encore en appelant « Léonard Lambert », celui qu’on désignait autrefois comme Léonard, le fils de Lambert.

Au XVIIe siècle, les noms de famille se transmettent presque systématiquement de père en fils. L’orthographe de ces noms de famille est toutefois loin d’être figée; le plus souvent, on se contente d’écrire ce qu’on entend, sans se préoccuper d’orthographe… ce qui implique que l’on trouve Halleux, Haleux, Dehalleux, Dehalu, Halleu, Haleu, Halleur, Hallu, Halu, Hallut, Halut et d’autres variantes!

Ce ne sera qu’à partir du XIXe siècle qu’on s’efforcera de conserver la même orthographe dans tous les documents relatifs à une personne.

Les Halleux de Charneux (Herve, Belgique)

Aux XVe et XVIe siècles, au lieu-dit Halleux à Charneux (Herve), on désignait certains habitants de l’endroit en ajoutant « de Halleux » à leurs prénoms. La plupart de leurs fils ont fondé des familles en conservant ce nom, tandis que quelques-uns ont adopté d’autres noms, peut-être simplement parce qu’ils ont quitté le village.

Voici quelques exemples : en 1536 dans ses notes, le curé de Charneux mentionne Jehaneken de Halleur. Un peu plus tard en 1564, dans plusieurs actes de la Cour de Herve (ban), deux de ses petits-fils sont appelés Lambert del Chacqueue et Jean Lambert de Cerfontaine, tandis que d’autres, comme Léonard Lambert, gardent le nom de Halleux. Dans un acte de la Cour de Herve (ban) de 1581, on lit « Jacquet, fils de Lambert Jacquet de Julemont, demeurant à présent à Halleux » tandis qu’en 1599, la même Cour de Herve le désigne comme « feu Jacquet de Halleux ».

De ceci, on conclut que les Halleux de cette branche ne descendent pas tous d’un ancêtre commun unique, en d’autres termes, que les Halleux, même originaires du même village, ne sont pas tous cousins.

Les Halleux de Nandrin (Belgique)

Une étude intitulée « Famille (de) (H)alleu(x) et ses graphies » (1990, José Halleux) fait remonter l’emploi du nom Halleux à Nandrin au XIIIe siècle. Elle cite une charte de 1270 conservée à l’abbaye du Val Saint-Lambert qui mentionne « Johans li fius Thomas de Haloir ».

Cette étude précise que Barthelemy Renard dit le Bussy, décédé en 1641 à Nandrin, eut deux fils Barthelemy Halleux et Léonard Halleux qui eurent une importante descendance qui conserva le nom.

Les Halleux d’Esneux (Belgique)

La même étude, « Famille (de) (H)alleu(x) et ses graphies » (1990, José Halleux), mentionne Jean Halleux à Esneux en 1690 et sa descendance, sans pouvoir le rattacher aux branches de Charneux ou Nandrin.

Les Halleux de France

En Ille-et-Vilaine, entre 1793 et 1875, on dénombre plusieurs centaines de mariage où un des époux s’appelle Helleu ou Helleux ou Heleu ou Heleux, en particulier sur le district de Fougères. Il n’est donc pas étonnant que le nom de quelques-uns de ces Helleux se soit transformé en Halleux. Nous avons d’ailleurs retrouvé la trace du mariage de Julien Halleu avec Jeanne Mariette, le 4 novembre 1734 à La Selle-en-Luitré.

Si on consulte La France de votre Nom de Famille , on voit que seulement dix-huit Halleux sont nés en France entre 1891 et 1915. Cinq sont nés en Ille-et-Vilaine, deux sont nés à Paris et onze sont nés dans des départements voisins de la Belgique. « Descendance de Jehanken de Halleux » (Jeanine Albert-Halleux, 1997) établit que, de ces onze, au moins huit descendaient des Halleux de Charneux. Il est donc probable que les Halleux, habitant actuellement en France, se répartissent en une majorité provenant d’ancêtres belges et un plus petit nombre ayant des racines bretonnes.

Les premiers Halleux

Cela nous fait au moins quatre « souches » non reliées… Nous voilà donc bien obligés de conclure que tous les Halleux ne sont pas cousins! Leurs lointains ancêtres ne proviennent pas tous du même village, et même s’ils proviennent du même endroit, peut-être étaient-ils simplement voisins sans aucun lien de parenté.